par Wesley Meuris
— Wesley Meuris est un artiste visuel basé à Anvers. Il mène actuellement des recherches postdoctorales et enseigne dans le cadre du programme Advanced Master à Sint Lucas Antwerpen. En 2017, il a obtenu un doctorat en arts de l’université d’Anvers et de Sint Lucas, avec un projet intitulé The Foundation for Exhibiting Art & Knowledge. Cette recherche explore de manière critique la façon dont la connaissance est structurée, exposée et perçue. Les installations de Wesley Meuris prennent souvent la forme de systèmes d’affichage institutionnels, encourageant les spectateurs à réfléchir à la manière dont l’information est organisée et présentée. En conjuguant la recherche académique et le design spatial, il crée des œuvres qui remettent en question les systèmes qui sous-tendent l’autorité culturelle et scientifique. —
La présente recherche artistique porte principalement sur le contexte spatial des lieux d’exposition. Comment ces espaces sont-ils organisés, comment orientent-ils le regard, comment contribuent-ils à la visibilité de ce qui est exposé et comment influencent-ils la compréhension de ce qui nous est donné à voir ? Cette recherche ne se limite pas aux expositions organisées dans un contexte artistique. En effet, des techniques d’exposition très intéressantes sont également mises en œuvre dans d’autres champs du savoir, notamment en histoire naturelle, ethnographie, folkloristique, zoologie et botanique. Il est possible d’identifier un certain nombre de mécanismes interdépendants en se fondant sur le critère de la spatialité, de même que sur ceux de la programmation de ces expositions, de leur élaboration dans l’objectif de susciter de la curiosité, d’entretenir la soif de savoir, mais aussi de procurer du plaisir. Quel que soit l’angle sous lequel est abordé l’exposition, spatial ou organisationnel, une place centrale est systématiquement accordée au regardeur, au regard du visiteur qui se laisse informer, guider ou s’abandonne entièrement à ce qui se révèle sous ses yeux. Par l’intermédiaire de différentes sculptures et installations, mon travail tente une réflexion sur cette relation nouée entre l’objet (ce qui est exposé) et le regardeur. Ces œuvres objectivent des stratégies existantes et en déconstruisent les outils et les mécanismes. Parfois dans l’intention de les faire apparaître, parfois pour en renforcer le caractère potentiel, parfois même pour en manifester l’aspect à la fois trompeur et séduisant.
Pour essayer de comprendre comment fonctionnent de tels mécanismes, cette recherche s’inscrit notamment dans une perspective historique avec la mise en place d’archives iconographiques. Le déploiement d’images historiques ne se veut pas référence à certaines périodes ou études de cas, mais fait plutôt office de chambre d’écho ; elles sont autant de composants du déroulement de ma recherche artistique. Malgré leur extériorisation toujours changeante, des stratégies d’exposition profondément enracinées peuvent être, à la longue, mises au jour et signifiées. Périmées en apparence, elles n’en conservent pas moins leur force de provocation qui se répète au fil du temps. Comment ces images peuvent-elles être réexaminées lorsqu’elles dialoguent avec un discours plus contemporain portant sur les stratégies d’exposition ? Comment la présence de ces images dans le voisinage de mon travail de recherche visuelle peut-elle stimuler la réflexion ? Quels sont les résultats, voire les caractéristiques formelles, qui se laisseraient assimiler par mes sculptures et mes installations ? Cet essai visuel conjugue des photographies historiques avec des images de ma pratique plastique. Elles ne débattent pas en un dialogue en tête-à-tête, mais fonctionnent plutôt comme un collage temporaire qui vise à fonder une réflexion entre l’historique et mon articulation artistique des situations d’exposition. Elles ajoutent un regard détourné, sans imposer pour autant une lecture unifiée. Elles suggèrent un examen des systèmes sous-jacents, des instruments et de la structure d’exposition qui les soutient ; elles visualisent le désir de « rendre visible ».
-1- Wesley Meuris
Enclosure for Okapi
Exposition : Artificially Deconstructed (2007)
Lieu : Cultuur Centrum, Bruges
Crédits : Cel Brugge
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Photographe inconnu
Pavillon des girafes (années 1930)
Lieu : National Zoological Park, Washington
Crédits : Courtesy of Smithsonian Institution Archives
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Photographe inconnu
Installation d’un diorama figurant des cerfs de Virginie (années 1950)
Lieu : National Museum of Natural History (NMNH), Washington
Crédits : Courtesy of Smithsonian Institution Archives
– 4-
Image trouvée. Lieu et situation inconnus.
Image libre de droits
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Wesley Meuris
Masterpieces of the Collection
Exposition : Museum to Scale (2011)
Lieu : University Antwerpen
Crédits : C. Demeter
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Wesley Meuris
Research Building – Congo Collection. Intervention scénographique pour la présentation d’une collection de masques et d’objets congolais.
Solo exposition : Research Building – Congo Collection (2012)
Lieu : CC Scharpoord, Knokke
Crédits : C. Demeter
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Inconnu
Atlas Computer Exhibit (années 1970)
Lieu : National Museum of History and Technology (NMHT), aujourd’hui National Museum of American History (NMAH), Washington
Crédits : Courtesy of Smithsonian Institution Archives
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Vitrine d’œuvres d’artistes hongrois contemporains, présentées sous les auspices de la fédération américaine des Arts et de la fondation américano-hongroise, du 23 avril au 31 mai 1930
Lieu : National Gallery, aujourd’hui National Museum of American Art, Washington
Crédits : Courtesy of Smithsonian Institution Archives
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Wesley Meuris
Compare two Magnificent Pieces of the Collection
Exposition : R-05. Q-IP.0001 (2012)
Lieu : Casino Luxembourg forum d’Art contemporain, Luxembourg
Crédits : É. Chenal
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Photographe inconnu ?
Enfants dans une salle du Metropolitan Museum of Art (1910)
Image libre de droits
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Extrait de l’article de Benjamin Ives Gilman, « Museum Fatigue », The Scientific Monthly, vol. 2, n° 1, Janvier 1916, p. 67-68.
Images libres de droits
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Wesley Meuris
Panoramic Rotunda
Exposition : Modèles d’exposition (2017)
Lieu : Musée des Arts contemporains, Grand-Hornu, Boussu
Crédits : I. Arthuis
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Herbert Bayer
Exposition: Airways to Peace (1943)
Lieu : MoMA, New York
Crédits : Historic Collection / Alamy Stock Photo
Les visiteurs devaient avoir l’impression de se déplacer dans un panorama, un “environnement” changeant.
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Wesley Meuris
Scenes of engagement (détail)
Exposition : Scenes of engagement (2017)
Lieu : Les Tanneries – Centre d’Art contemporain, Amilly
Crédits : W. Meuris
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Charles H. Coles (photographe)
Vue de la caisse d’emballage et du fourgon hippomobile ayant servi au transport des cartons de tapisserie de Raphaël, de Hampton Court au South Kensington Museum (1865)
Image libre de droits
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Photographe
Personnel du musée déplaçant un squelette de brontosaure 289651(juin 1938)
Crédits : Courtesy of American Museum of Natural History
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Photographe inconnu
Personnel du musée observant la maquette de baleine suspendue (1969)
Hall of Ocean Life, American Museum of Natural History, New York
Crédits : Courtesy of American Museum of Natural History Library
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Wesley Meuris
Replacing
Exposition : Verticality (2021)
Lieu : Annie Gentils Gallery, Anvers
Crédits : We Document Art
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Wesley Meuris
Assembly Panel I
Exposition : Verticality (2021)
Lieu : Annie Gentils Gallery, Anvers
Crédits : We Document Art
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Matériel de chimie, laboratoire de Joseph Priestley (1733-1804) ; certains de ces appareils furent présentés dans le cadre d’une exposition organisée en 1958 au musée national des États-Unis.
Crédits : Courtesy of Smithsonian Institution Archives
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Vue de l’expérience russe BIO-5 Rasteniya-2/Lada-2 (Plantes-2) d’observation de la croissance des plantes, installée dans le module de service Zvezda de la station spatiale internationale (ISS).
Crédits : NASA
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Ballon FNRS (premier vol en ballon stratosphérique de l’histoire de l’humanité, dans une nacelle en aluminium hermétiquement close, par Auguste Piccard en 1931)
Image libre de droits
Traduit de l’anglais par Christian-Martin Diebold